| Par Caroline SOST, fondatrice de Living School :   Je me souviens que quand le mouvement #metoo a dĂ©marrĂ© et a pris de l'ampleur, j'ai eu une pensĂ©e Ă©mue pour les enfants... Je me suis dit que s'ils pouvaient dire leurs souffrances liĂ©es aux violences sexuelles sur les rĂ©seaux, nous serions submergĂ©s par un tsunami.    Oui, que nous faut-il pour sortir la tĂȘte du sable et accepter de voir la rĂ©alitĂ© en face? Je crois que les images que ces violences mettent dans nos tĂȘtes sont tellement insupportables que nous sommes nombreux Ă  dĂ©tourner le regard et Ă  changer de sujet. Trop dur, trop inconfortable, trop tabou...Il y a une tentation collective Ă  faire "comme si ça n'existait pas".  Pourtant, je vous invite Ă  rester avec moi, car c'est un sujet essentiel. Promis, vous allez apprendre des choses et aussi dĂ©couvrir comment contribuer Ă  ce que ça change. Parce que ça DOIT changer.     Tout d'abord les faits. Ils sont terribles. Je vous invite Ă  lire ces chiffres, non pas comme de simples chiffres, mais bien comme une rĂ©alitĂ© sensible, en ressentant le vĂ©cu derriĂšre les stats. Car n'allons pas nous mentir, les violences sexuelles, ce sont des vies brisĂ©es, des annĂ©es de souffrance et de thĂ©rapie pour tenter, parfois rĂ©ussir, Ă  sortir du traumatisme... 160.000 enfants sont victimes de violence sexuelles tous les ans. C'est un enfant toutes les 3 minutes. C'est en moyenne 3 enfants par classe.  Ce sont 5,4 millions d'adultes qui vivent avec ce traumatisme en France, soit 1 personne sur 10.    Peut-on rĂ©ellement dĂ©tourner le regard quand Ă  ce point notre sociĂ©tĂ© est touchĂ©e, et quand il s'agit en plus de ses membres les plus vulnĂ©rables? (une petite voix me glisse Ă  l'oreille que c'est justement parce qu'ils sont plus vulnĂ©rables, qu'ils sont davantage victimes.Tristesse.).    N'allez pas imaginer que tous ces enfants sont victimes d'un inconnu qui leur a proposĂ© des bonbons Ă  la sortie de l'Ă©cole. Non, dans 81% des cas, l'agresseur est un membre de la famille (un pĂšre, un frĂšre, un oncle, un beau-pĂšre, un cousin...). En seconde position, un ami ou un voisin de la famille... L'agresseur est donc connu de l'enfant, dont souvent il a la confiance et celle de sa famille. Dans 97% des cas, l'agresseur est un homme. L'agresseur a souvent une stratĂ©gie : il isole la victime, il la dĂ©valorise, il inverse la culpabilitĂ©, il crĂ©e un climat de peur, il assure son impunitĂ©.   Mais tenez-vous bien, pour ajouter l'injustice Ă  l'horreur : 70% des plaintes dĂ©posĂ©es par les enfants sont classĂ©es sans suite. Une victime sur 10 dĂ©nonce les faits, mais dans la moitiĂ© des cas, elle n'est pas mise en sĂ©curitĂ© (et devra parfois vivre avec son agresseur). Seuls 3% des viols commis sur enfants font l'objet d'une condamnation et seul 1% pour les cas incestueux (argh!!!!).   |