Une heure plus tard, quand je suis venue chercher mon aînée, j'ai aperçu de loin cette enfant dans la rue. Elle était en culotte. Et en me rapprochant, j'ai entendu son papa lui dire: "Ah, tu n'as pas voulu mettre de pantalon, et bien si tu attrapes froid, ce sera de ta faute". J'étais bien triste de sentir qu'ils en étaient rendus là et que la petite était sortie en culotte, sans repère pour son intimité et sa santé.
Je ne condamne pas, je ne juge pas. Je me sens juste triste de cette situation.
J'ai choisi cet exemple, mais je pourrais en parler de mille. Je pourrais aussi parler de mes propres difficultés, de mes propres tâtonnements. Je sais qu'au fond, chacun fait du mieux qu'il peut avec ce qu'il a, ce qu'il est et ce qu'il saità un moment donné.
Être parent, c'est si difficile!
Dans cet exemple, ce que je trouve particulièrement interpellant, c'est que l'enfant se trouve - par la démission de ses parents - responsable des besoins essentiels (la santé, l'intimité) que ses parents devraient lui garantir. En réalité, il y a une dissymétrie de responsabilité entre nous, les parents, et eux, nos enfants. Nous avons plus de responsabilités qu'eux. Cela ne nous empêche pas de parler avec eux "de personne à personne", sans les prendre de haut ou les rabaisser.
Maintenant, nous avons besoin de veiller à leurs besoins et de donner un cadre pour cela.
S'il y a bien une lecture que je recommande à tous les parents sur le sujet, c'est le chapitre "Discipline" de T. Berry Brazelton dans son livre "Points Forts" qui m'a tant guidée dans les premières années de mes enfants. Voici en substance ce qu'il y dit :
« Après l’affection, le sens de la discipline est ce que les parents peuvent offrir de plus important à un enfant. […] Discipline signifie "enseignement" et non "punition" ».
Après un moment de recadrage, Brazelton propose au parent de s’asseoir avec l'enfant et de lui dire: « Je t'aime, mais je ne peux pas te laisser agir de cette façon. Un jour tu sauras toi-même comment t'en empêcher et moi je n'aurais plus besoin de le faire ».
Voilà notre travail de parent : jouer notre rôle d'adulte repère pour que l'enfant intègre peu à peu ces repères par lui-même et s'autonomise. Il ne s’agit pas de punir, mais bien de guider l’enfant avec fermeté et bienveillance pour qu’il puisse au fur et à mesure s’autodiscipliner, pour qu’il intègre ces repères pour lui-même.
Donner la loi, structurer, c’est un acte d’amour.
Alors pourquoi avons-nous du mal parfois à incarner l'autorité avec nos enfants?
Parce que nous oublions que pour bien accompagner nos enfants sur le chemin de la vie, il nous faut 2 jambes :
l'AMOUR et la LOI.
Autrement dit l'épanouissement et la structure.
N'ayons pas peur de nous affirmer même si cela frustre nos enfants, n'ayons pas peur de recadrer tout ce qui n'est pas OK. Et rappelons nous qu'en faisant tout cela, nous leur donnons des repères pour la vie.
Et la bonne nouvelle, c'est que si nous tatonnons, si nous nous faisons dépasser parfois, si nous perdons confiance...nous pouvons agir! S'affirmer, ça s'apprend!
Nous aurions tous à gagner à travailler notre affirmation, avec nos enfants et dans la vie en général!
Notre prochain atelier sur ce sujet brûlant aura lieu mercredi 22 novembre à Living School, Paris 19ème.
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